Union Académique Internationale

Papyrus-Archives. Edition and Studies

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Projet nº72, adopté en 2005

Grâce aux conditions climatiques exceptionnelles de la vallée du Nil, des matériaux périssables tels que les papyrus y ont été conservés en grand nombre, nous permettant d’étudier l’histoire locale avec un degré de détails similaire à celui de l’histoire des villes médiévales, des universités ou des paroisses, ce qui est normalement impossible pour l’Antiquité.

La plupart de ces textes ont été découverts soit par des fermiers égyptiens lorsqu’ils détruisaient les maisons en briques crues d’anciens villages pour les transformer en engrais, soit par des expéditions de « chasse » au papyrus qui avaient peu, voire pas, d’intérêt pour l’archéologie. Il est néanmoins clair que relativement peu de papyrus ont été trouvés isolément. Habituellement, ils étaient encore regroupés au moment des fouilles : les documents de la famille pouvaient être conservés dans une boîte ou une jarre, ou liés ensemble et placés dans une niche de fenêtre ; les papiers devenus inutiles pourraient avoir survécu après avoir été mis de côté ; les documents administratifs étaient parfois réutilisés pour bourrer les momies de crocodiles sacrés ou réaliser le cartonnage des momies ; même les papyrus retrouvés sur les tas d’ordures d’Oxyrhynque étaient souvent jetés en groupe et l’origine d’un papyrus d’une section particulière peut permettre de le relier à d’autres textes. Mais les descriptions détaillées des découvertes sont rares et, le plus souvent, le lien entre les papyrus d’un même groupe doit être douloureusement reconstruit par l’éditeur des textes plusieurs années après leur découverte.

Ces groupes de textes, conservés ensemble par des institutions ou des individus dans l’Antiquité, comprennent des documents publics et privés. Les frontières entre public et privé sont en fait souvent peu claires car au terme de leur charge, les fonctionnaires ramenèrent chez eux des documents importants pour eux et les mélangèrent à leur correspondance privée et même à leur bibliothèque privée. Dans les bureaux gouvernementaux, les lettres et rapports entrants et sortants furent souvent classés ensemble en collant chaque document au suivant pour former de longs rouleaux : ces tomoi synkollesimoi peuvent être considérés comme une forme d’archives anciennes et reçoivent une place spécifique dans notre étude.

Le projet vise à aider les historiens à s’y retrouver dans le labyrinthe des papyrus grecs en reliant les textes qui appartenaient au même ensemble, en étudiant des archives individuelles, en analysant le contexte des découvertes des papyrus et en éditant certains groupes de textes qui sont restés non publiés ou ont été publiés de manière insatisfaisante.

Notre intérêt principal porte sur trois groupes d’archives : les archives bilingues (grec-démotique) de la période ptolémaïque ; les archives de l’oasis du Fayoum, à la fois ptolémaïques et romaines ; les archives de Haute Égypte (Thèbes et Pathyris).

Programme de recherche :

  1. Collecte du matériel : toutes les archives connues de papyrus et d’ostraca sont incorporées dans la page d’accueil « collections de papyrus dans le monde entier » du site web. Grâce à l’utilisation de la technologie informatique, nos descriptions, constituées sur la base des textes individuels, sont liées, autant que possible, aux images des papyrus dans les institutions qui les conservent, aux publications en ligne des textes et aux métadonnées disponibles en ligne à Heidelberg et à Louvain.
  2. La présentation des archives individuelles est standardisée, expliquant l’organisation interne des archives et distinguant les textes centraux des textes périphériques, par exemple dans le cas d’ajouts ultérieurs. Ici, l’archéologie muséale, c’est-à-dire les données relatives à l’acquisition des collections de papyrus, joue un rôle clé. Les textes illustrant les personnages principaux d’une archive, mais qui n’appartiennent pas aux documents de ces mêmes personnages, seront discutés séparément.
  3. Certaines archives, publiées de manière incomplète ou sans aucune attention quant à leur nature archivistique, nécessitent une réédition. Des travaux préliminaires ont déjà mis en avant plusieurs candidats potentiels, tels que les archives des Petrie Papyri (publiées pour la première fois en 1900) ; les archives-ostraca de Chemtsneus, dont seuls les textes grecs ont jusqu’à présent été publiés ; les archives de Pankrates, un officier de l’administration militaire du Fayoum.