Union Académique Internationale
Monnaies anciennes du Japon
Retour aux projetsProjet nº94, adopté en 2019
Le nouveau programme scientifique que lance l’Académie du Japon consiste à dresser un inventaire exhaustif des monnaies japonaises jusqu’à l’époque d’Edo. Ce projet correspond à un retard relatif de la recherche scientifique dans le domaine des études numismatiques, plus particulièrement des pièces frappées sur le territoire du Japon. La monnaie est née en Asie Mineure occidentale au début du VIe siècle avant J.-C., dans le monde eurasiatique de l’Ouest. Dans ce contexte historique, les monnaies japonaises firent leur apparition de façon entièrement séparée. Elles furent produites dans le milieu historique de l’Asie orientale dont la Chine détint l’hégémonie politique et culturelle. La « Chronique du Japon – Nihon shoki », rédigée en 720 de notre ère, évoque l’économie florissante de cette année et précise que la quantité de 180 litres de riz vaut « une pièce de monnaie en argent ». Il s’agit de la première indication de l’existence d’une monnaie, plus précisément de la monnaie d’argent. Malgré cette attestation, on n’a pas réussi à trouver de pièces qui appartiennent à une époque antérieure au VIIe siècle.
Pour les premiers temps de l’histoire du Japon d’ailleurs, on remarquera une certaine inégalité ou disproportion entre la mention de la monnaie utilisée et la découverte de pièces elles-mêmes désignées dans les documents écrits. L’abondance des documents écrits, soit sur papier, soit sur tablettes de bois, croît grâce aux découvertes archéologiques. Elle invite au classement des monnaies métalliques japonaises de manière systématique et exhaustive afin de combler cette brèche entre les témoignages écrits et le matériau métallique, créant ainsi une perspective scientifique propre à l’histoire de la monnaie japonaise et au mode d’utilisation de celle-ci.
La numismatique japonaise semble un parent pauvre parmi les sciences humaines dans l’archipel jusque dans les années 1980. Petit à petit, l’intérêt scientifique pour la monnaie a acquis un terrain plus ferme. Il y a quatre ans que le comité de sélection auprès de la Japan Society for the Promotion of Science (alias JSPS) a octroyé un fond considérable pour un projet consacré non pas à l’étude numismatique japonaise mais à celle qui avait été proposée par les historiens occidentalistes japonais. Naturellement, l’étude numismatique japonaise a pu avancer largement grâce à une telle aide. La légitimation de la recherche numismatique au titre de science a pu ainsi être grandement valorisée au Japon.
Ainsi, l’enjeu de ce projet est grand. En créant un inventaire exhaustif des monnaies japonaises anciennes, on fournit une image totale du phénomène numismatique de l’archipel, et, chose plus importante et essentielle, on élabore de la sorte les données de base de toute la recherche future sur les monnaies japonaises. En ce sens, on pourrait en résumé définir que l’objet même de ce projet est la création de la science numismatique au Japon.
Plan de travail 1) Chaque catalogue, publié en anglais, correspondrait à une ou plusieurs collections de monnaies japonaises. 2) Les monnaies anciennes mises en lumière par des fouilles archéologiques sont exclues afin d’assurer une cohérence des matériaux inventoriés. Cela n’exclut pas cependant la possibilité de proposer comme sous-projet celui qui ferait l’analyse des trésors monétaires archéologiques servant à établir une géographie de la circulation des monnaies découvertes. Chaque monnaie est inventoriée avec : a) photos du droit et revers, b) inscriptions au droit et revers, c) matière métallique, d) poids, jusqu’au centième de gramme, e) taille (diamètre) jusqu’à dixième de mm, f) lieu de frappe, g) date d’émission, h) date d’entrée dans la collection donnée, i) numéro dans le catalogue, etc. 3) Sur le territoire du Japon, la plus grande collection appartient au Musée de la Monnaie attaché à la Banque du Japon, mais le Musée National d’Histoire du Japon, la Faculté d’Économie à l’Université de Tokyo ainsi que l’Institut de recherche et des fondations privées conservent également des collections importantes. 4) D’autres collections sont possédées par différentes organisations d’outre-mer dont l’importance est inégale. Mais nous connaissons, grâce à l’enseignement fourni par des spécialistes européens, un certain nombre de collections importantes conservées dans des musées en Europe et aux États-Unis.