Union Académique Internationale

Lors de la dernière Assemblée générale de l'UAI, le Président Klaus Herbers a annoncé le nom des lauréates des deux Prix pour les jeunes chercheurs de l'UAI. Le Prix Brepols, ainsi nommé en raison du soutien financier et éditorial de cette prestigieuse maison d'édition, a été attribué à Ségolène Vandevelde pour son projet intitulé "Temporalités de création des sites d’Art Rupestre dans le Bouclier Canadien".

L’art rupestre est l’un mode d’expression symbolique très ancien. Partagé par de nombreuses sociétés, on le trouve dans le monde entier d’au moins -40 000 à nos jours. Il donne au spectateur un aperçu unique et précieux de l’esprit humain et ouvre une fenêtre sur le monde et la cosmogonie de ceux et celles qui l’ont réalisé. Comme l’attestent plusieurs études ethnographiques, sa chaîne opératoire (depuis la sélection des matières premières et la préparation des peintures et de la paroi, jusqu’à la réalisation et l’utilisation des figures) occupe une place symbolique et rituelle importante dans la société. Comprendre la chronologie de réalisation d’un site rupestre est donc un enjeu majeur. Dater une figure n’est pas tout ; comment savoir si l’ensemble des représentations est contemporain ? Si tel et tel panneau a été réalisé en même temps ? Comment définir combien de temps sépare la réalisation de deux représentations ? L’art rupestre est largement étudié à travers le monde, mais à ce jour la temporalité de mise en place des sites ornés et leurs dynamiques d’occupations demeurent floues. Ce projet de recherche vise à répondre à l’ensemble de ces questions anthropologiques majeures pour la compréhension du rapport au symbolique des sociétés passées. Pour ce faire, nous chercherons à retracer la chaîne opératoire de sites ornés, c’est-à-dire l’ensemble du processus de leur construction, avec une haute résolution temporelle grâce au croisement de méthodes multidisciplinaires relevant de l’archéologie, de la géologie et de la chimie.

Les encroûtements qui se forment sur les parois sont des archives tout indiquées pour atteindre la résolution micro-chronologique nécessaire à l’exploration de notre problématique. Ces dépôts (sus-jacents ou sous-jacents aux peintures) sont en général utilisés comme supports de datation, ou pour les reconstitutions paléoenvironnementales, notamment lorsqu’il s’agit de spéléothèmes. En effet, ceux-ci peuvent être constitués de doublets annuels, un peu comme les cernes des arbres, et offrent une résolution temporelle extrêmement fine. Les concrétions qui piègent des particules anthropiques (suie, pigments) sont également des archives des traces laissées par les humains. La haute résolution temporelle de leur enregistrement s’avère particulièrement précieuse en archéologie, puisqu’une telle résolution annuelle ne peut généralement pas être atteinte par les méthodes radiométriques classiques.