Union Académique Internationale
L’excellence par la collaboration. Allocution présidentielle (2019)
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Cette allocution, prononcée à Paris en novembre 2019, lors du centenaire de l'UAI, par Samuel N.C. Lieu, Président de l'UAI, ouvre le volume J.-L. De Paepe, P. Jodogne, I. Algrain (eds.), D’une république de savants à une communauté de chercheurs. Regards sur l’histoire de l’Union Académique Internationale (UAI), 1919-2019, Turnhout, Brepols, 2019 et est reproduit ici avec l'autorisation de Brepols.
Le centenaire d’une grande organisation internationale est une source de célébration, d’évaluation et de réflexion. L’Union Académique Internationale est née à Paris en 1919 lorsque les grandes puissances se sont réunies pour décider de l’avenir non seulement de l’Europe, mais également d’une grande partie du monde civilisé. Les fondateurs de l’Union comptaient parmi les plus éminents érudits de leur temps. Tout au long de nos célébrations, d’autres orateurs mentionneront ces chercheurs et leurs contributions à la fondation de l’UAI. Il s’agissait de spécialistes de l’Antiquité classique qui avaient également développé des compétences en épigraphie, en numismatique et en archéologie de terrain. Leur amour du passé antique reflétait un héritage culturel commun qui reconnaissait incontestablement les réalisations des Grecs et des Romains comme les sources de leurs propres cultures nationales.
Les académies qui composent l’Union sont généralement des sociétés savantes et des communautés de grands intellectuels et non des écoles philosophiques comme l’Académie athénienne – à l’origine une oliveraie située à l’extérieur d’Athènes qui aurait été dédiée au héros Akademos et où Platon a commencé à enseigner vers 387 av. J.-C. L’Académie athénienne moderne, située au centre de la ville de Périclès, possède toutefois un jardin paisible qui rappelle ses antécédents platoniques. La majorité des académiciens qui ont contribué à la fondation de l’UAI à Paris en 1919 étaient des produits de l’enseignement supérieur du XIXe siècle, époque où la philologie classique – une vaste discipline qui comprenait l’étude de textes historiques et philosophiques ainsi que littéraires – dominait le programme d’études des universités européennes. En Grande-Bretagne, par exemple, l’érudition classique était sans aucun doute incarnée par le Dr Benjamin Jowett (1817-1893) qui, à l’âge de 38 ans, fut nommé Regius Professor de grec à l’Université d’Oxford avec une allocation annuelle de £40. Plus important encore, il fut élu Master de Balliol College àOxford en 1870 et fit de ce collège un lieu de prédilection de l’étude des sciences humaines pour le siècle suivant. Ses publications comprennent ses célèbres traductions des Histoires de Thucydide et des Dialogues de Platon, ainsi que des études sur la République de Platon. C’était un pédagogue de tout premier ordre et on a souvent dit au cours de sa vie que « tout ce que Jowett ne savait pas ne valait pas la peine d’être connu ». Bien qu’il n’ait pas vécu assez longtemps pour être élu membre de la British Academy (fondée en 1902), nombre de ses étudiants ont continué à occuper des postes importants tant dans le monde universitaire que dans le gouvernement. Un pourcentage important d’élèves de Balliol venait directement d’une seule école publique britannique, Eton, et ces Etoniens de Balliol constituaient une élite au sein d’une élite. La romancière Evelyn Waugh a bien noté la domination sociale et académique de Balliol dans la société britannique :
À la fin du dix-neuvième siècle, les hommes de Balliol étaient partout dans des positions d’éminence et d’autorité assez disproportionnées par rapport à leur nombre. On disait alors qu’il y avait trois établissements d’enseignement supérieur dans le pays, Oxford, Cambridge et Balliol (1).
J’ai eu le privilège d’écouter un discours prononcé en 1975 par l’un des plus célèbres produits d’Eton et de Balliol au XXe siècle, l’ancien Premier ministre britannique Harold Macmillan (premier ministre 1957-1963). Il était alors chancelier de l’Université d’Oxford et a prononcé le discours principal lors de l’inauguration du nouveau bâtiment de Wolfson College sur les rives de l’Iffley – un collège dont j’étais alors Junior Research Fellow. Dans son discours mémorable, « Supermac », ainsi qu’il était surnommé affectueusement, a donné aux boursiers et aux étudiants diplômés de ce collège, relativement récent, de nombreux aperçus fascinants de son bref séjour à Oxford en tant qu’étudiant des Literae Humaniores (c’est-à-dire le diplôme de premier cycle en classiques). Diplômé d’Eton, il arriva à Balliol en 1912 et, comme beaucoup de jeunes étudiants de sa génération, intégra le service actif au cours de la Grande Guerre après avoir réussi la première partie de ses quatre années d’études (First in Honour Moderations), en 1914. Dans ses mémoires, il se souvient très bien que, lorsqu’il fut blessé en septembre 1916 en France, son amour des classiques l’aida à faire face à ses blessures :
Je tombai dans un grand trou d’obus où je me trouvai étourdi, mais pas – du moins au début – inconscient… Je me suis couché dans mon trou. Même si j’avais connu un « meilleur trou », je n’aurais pas pu y aller. J’avais dans ma poche le Prométhée d’Eschyle en grec. C’était une pièce que je connaissais très bien et qui, dans ma position, ne me semblait pas inappropriée. Alors, comme je n’avais rien de mieux à faire et que je ne pouvais avancer dans aucune direction, je le lus par intermittence (2).
Les blessures qu’il reçut furent suffisamment graves pour le maintenir hors du service actif pendant le reste de la guerre. La plupart de ses contemporains de Balliol furent moins chanceux. Des 28 étudiants qui commencèrent leurs études à Balliol avec Macmillan, seuls lui-même et un autre étudiant survécurent à la guerre. Comme il le dit dans ses mémoires :
Lorsque la guerre fut enfin terminée, la plupart d’entre nous ne savions plus comment reprendre nos vies. Je ne pouvais pas faire face à l’idée de retourner à Oxford. Chaque fois que j’y allais, elle semblait être une « ville de fantômes ». Une certaine amertume commença à ronger nos cœurs devant la facilité avec laquelle beaucoup de nos aînés semblaient se mettre à nouveau, et avec un entrain inchangé, au jeu de la politique. « Le vieil homme vit ; les jeunes hommes meurent » (3).
Macmillan ne retourna jamais à Oxford pour terminer ses études en lettres classiques. Mais il fit un commentaire dans son mémorable discours que je n’oublierai jamais : l’idée qu’un collège soit créé à Oxford uniquement pour des étudiants-chercheurs lui aurait semblé, à lui tout comme à ses contemporains d’Oxford, quelque peu superflu. Après tout, lui et ses contemporains avaient déjà lu tout ce qui était important dans le domaine des lettres classiques avant de venir à Oxford, puis avaient passé les dix-huit premiers mois après leur arrivée à relire les mêmes auteurs grecs et latins, notamment Homère et Virgile. L’idée que ces textes lus et relus nécessitent encore des recherches plus poussées lui semblait certainement être un excès d’érudition.
La classe dirigeante britannique, en particulier, ne se contentait pas seulement d’admirer les Grecs. Elle se considérait aussi comme une héritière intellectuelle et même physique des anciens Grecs. C’est la même année (1915) que le Brigadier-Général (plus tard Sir) Percy Sykes (1867-1945), administrateur colonial bien connu, diplomate et soldat, publia la première des nombreuses éditions de sa célèbre History of Persia, une comparaison entre les Grecs et les Anglais instruits dans les Public Schools (c’est-à-dire les écoles privées), éhontément favorable aux seconds :
Il est intéressant de comparer les Grecs avec nous-mêmes et leur empire avec celui de la Grande-Bretagne. On peut certes affirmer que la classe à laquelle les administrateurs de la Grande-Bretagne appartiennent principalement est éduquée mentalement et physiquement dans les Public Schools afin de produire un type moyen qui, à bien des égards, doit ressembler plus étroitement aux meilleurs idéaux grecs que n’importe quel autre depuis la chute de l’Hellas. En fait, d’une certaine façon, il dépasse même les idéaux grecs les plus élevés. Cette formation, dans une société qui constitue à différents points de vue une république modèle, produit un certain type de caractère et un certain ensemble d’idées avec lesquels aucune autre race européenne ne peut rivaliser ; et cela explique le fait que l’Anglais soit si souvent un administrateur compétent qui, grâce à son amour du sport et de l’exercice physique, peut vivre partout dans le monde et préserver sa santé et, partant, son esprit sain, son esprit d’initiative et son énergie. Tout comme Alexandre le Grand a construit des cantonnements à des endroits stratégiques où il a posté des garnisons qui menaient leur propre vie, de même les Britanniques d’aujourd’hui tiennent l’Inde par une poignée d’administrateurs et de soldats vivant également dans des cantonnements répartis dans des centres stratégiques, bien que leur tâche soit facilitée ces dernières années par les chemins de fer et le télégraphe (4).
L’érudit humaniste du XIXe siècle était avant tout un individualiste empreint d’une connaissance approfondie des classiques, mais aussi de qualités telles que la compréhension, la compassion, la bienveillance et le courage. On trouve peu de signes de collaboration dans la recherche parmi les spécialistes britanniques de l’Antiquité classique jusqu’à l’ère des grands ouvrages de référence tels que la Cambridge Ancient History, à l’exception notable du célèbre Greek-English Dictionary de Liddle et Scott, publié pour la première fois en 1843. Bien que les délégués fondateurs de l’Union Académique Internationale aient été formés à la philologie classique au moins un quart de siècle avant Harold Macmillan, leur formation, européenne ou américaine, leur a donné une vision beaucoup plus large des classiques. Ils ont perçu leur connaissance du grec et du latin comme un instrument servant à comprendre une civilisation ancienne pour son intérêt propre et non pour sa pertinence contemporaine ou pour son rôle de modèle dans des aspirations et des comportements personnels. Ces spécialistes étaient plus susceptibles de combiner l’étude des textes avec celle des inscriptions, de la papyrologie, de la numismatique et de l’archéologie de terrain. Franz Cumont (1868-1947), par exemple, devint célèbre pour ses travaux pionniers sur le mithraïsme et, plus tard, sur les textes alchimiques grecs, mais il participa également aux fouilles de Doura Europos, l’avant-poste romain sur l’Euphrate. Michael Rostovtzeff (1870-1952), un chercheur distingué, également impliqué dans la fondation de l’Union, s’est également consacré à des fouilles sur le même site.
Comme d’autres orateurs vous le diront au cours de ces célébrations du centenaire, l’Union Académique Internationale a été conçue en partie par un groupe multinational d’érudits qui s’étaient déjà réunis régulièrement pour discuter de la possibilité de produire un corpus de vases antiques (essentiellement grecs) conservés dans tous les grands musées du monde. La collaboration entre académies et chercheurs se trouve donc à la base même de l’Union et nos délégués fondateurs ont vite compris que le meilleur moyen de forger une coopération entre des académies bien établies consistait à soutenir conjointement des projets de recherche. Au cours du siècle dernier, le parrainage et la supervision de ces projets de collaboration entre académies sont devenus la tâche principale et la raison d’être de l’Union. À l’heure actuelle, une centaine de projets de recherche internationaux sont parrainés par l’Union et couvrent un large éventail de sujets relevant de l’étude des sciences humaines les plus anciennes. Le choix de la matière reflète beaucoup les intérêts de la recherche et la Weltanschauung des délégués fondateurs.
L’un des deux représentants de l’American Council of Learned Societies récemment formé, William Buckler, présent aux premières réunions de l'Union Académique Internationale, contribua activement à ce qui allait devenir un important projet de publication épigraphique connu des spécialistes de l’Antiquité classique sous le nom de MAMA (Monumenta Asiae Minoris Antiqua). Bien que les MAMA eux-mêmes ne soient pas devenus un projet de l’UAI, leur objectif principal, qui consistait à répertorier et fournir des fac-similés de monuments conservés en plein air dans des zones bien définies, principalement de la période romaine et du début de la période byzantine, a inspiré un certain nombre de projets épigraphiques sous la tutelle de l’Union, notamment le Supplementum Epigraphicum Graecum – conçu par le savant néerlandais J. E. Hondius à l’époque du Traité de Versailles. Il s’agit d’une publication annuelle rassemblant les inscriptions grecques récemment publiées et datant au plus tard du VIIIe siècle de notre ère. Parce qu’il contient les textes grecs complets de toutes les nouvelles inscriptions avec un appareil critique, les numéros SEG attribués aux inscriptions sont cruciaux pour l’identification des inscriptions individuelles, surtout si les textes ont été republiés dans d’autres corpora epigraphica. Le fait que le Supplementum Epigraphicum Graecum soit également disponible sous forme de base de données en ligne améliore considérablement son statut et son utilité scientifique. En tant que président de l’UAI, j’ai eu le privilège de rendre visite au directeur de ce projet, le professeur Angelos Chaniotis, dans ses nouveaux locaux de l’Institute of Advanced Studies de Princeton. Cette entreprise est actuellement l’un des rares projets de l’Ancien monde basé aux États-Unis et son nouvel emplacement est particulièrement approprié compte tenu du fait que Buckler, un des chercheurs qui ont contribué à la fondation de l’UAI, venait des États-Unis.
Un projet épigraphique actuellement parrainé par l’UAI mérite une mention spéciale : le Corpus Inscriptionum Iranicarum. Le CII a été créé suite à une résolution du 22e Congrès international des orientalistes d’Istanbul (1951), avec W. B. Henning comme premier président et Sayyed Hasan Taqīzāda (Taqizadeh) comme président honoraire. Placé sous les auspices de la British Academy, il est actuellement enregistré en Grande-Bretagne en tant qu’œuvre éducative de bienfaisance et en tant qu’association à but non lucratif à responsabilité limitée, et est dirigé par un conseil et un comité international composé de quarante membres au maximum. Il a été adopté en 1973 par l’UAI qui contribue régulièrement au coût de sa publication. Depuis 1960, plus de cinquante volumes ont été publiés – les travaux de chercheurs de près d’une douzaine de pays, dont le Royaume-Uni, l’Allemagne, la France, la Belgique, les États-Unis, la Russie et Israël, et certains de ces contributeurs distingués sont membres d’académies de premier plan. Les volumes contiennent des éditions et des traductions de textes en ancien et moyen persan, grec, araméen, khotanais et bactrien. Compte tenu de la situation politico-religieuse en Iran au cours des trois dernières décennies, des recherches approfondies sur les inscriptions et les textes iraniens – un élément clé de notre connaissance du Proche-Orient ancien – ont été principalement menées en dehors de l’Iran, en particulier dans les pays européens ayant une forte tradition d’études iranologiques. Cependant, le nombre de chercheurs qualifiés au plus haut niveau dans chaque pays est relativement faible. La haute qualité constante des volumes publiés par le CII constitue la formidable preuve d’une collaboration internationale fructueuse, faisant de celui-ci le seul corpus épigraphique de langue iranienne préislamique.
Bien que la Grèce et Rome soient considérées comme les sources de la culture occidentale, le monde médiéval (y compris Byzance) est également une culture partagée par de nombreux pays européens. Il n’est donc pas surprenant que l’UAI ait, au cours du siècle dernier, parrainé un nombre important de projets en philosophie, philologie et histoire de l’art médiévales. L’un des premiers est le Dictionnaire du latin médiéval et son histoire est très étroitement liée à celle de l’UAI. Deux ans avant le début de la Première Guerre mondiale, le lexicographe britannique Robert Whitwell avait demandé à la British Academy d’utiliser l’imminent Congrès International des Sciences Historiques pour proposer le remplacement du dictionnaire standard du latin médiéval, le Glossarium de Du Cange, remontant au XVIIe siècle (publié en 1678). Le Congrès s’est dûment réuni à Londres en 1912 (du 3 au 9 avril) sous le haut patronage de S. M. George V. L’ensemble des sujets abordés témoigne d’une rare universalité dans les études historiques et présage de l’ordre du jour des premières réunions de l’UAI une décennie plus tard. L’histoire contemporaine ne fut pas placée sous les feux des projecteurs. Les sujets traités comprenaient la langue hittite, les documents khotanais de Tourfan ainsi que le rapport de Michael Rostovtzeff sur « Les tumuli hellénistiques du sud de la Russie » (5). La proposition de Whitwell n’est pas mentionnée dans le rapport publié, mais la British Academy avait clairement pris son idée au sérieux et elle attendait vraisemblablement une occasion propice, après la fin de la Grande Guerre, pour la présenter à un public international. La proposition fut reprise en 1920 par une toute nouvelle UAI qui décida quatre ans plus tard que les académies membres devaient produire des dictionnaires basés sur les textes latins médiévaux produits dans des zones géographiques correspondant à leurs territoires respectifs, tout en fournissant le matériel nécessaire à un nouveau Du Cange. Cette entreprise a maintenant des antennes dans presque tous les grands pays européens, y compris la République d’Irlande et, grâce au généreux financement de la Fondation Packard, le Dictionary of Medieval Latin from British Sources a été finalisé en 2013 lors de la publication de son dix-septième et dernier fascicule. Les travaux sur les différents volumes nationaux du dictionnaire ont suscité un regain d’intérêt général pour les langues médiévales et un projet de l’UAI visant à produire un nouveau Du Cange est également en cours en Belgique. La portée générale du projet est colossale et le nouveau Du Cange pourrait bien passer au format électronique pour les décennies à venir.
La philosophie médiévale, en particulier la continuité du platonisme et la renaissance de l’aristotélisme, sont des sujets qui attirent facilement les spécialistes de l’Antiquité classique et l’UAI s’est fortement impliquée dans le parrainage de nombreux projets de recherche et de publication, notamment en lien avec le Corpus Philosophorum Medii Aevi, qui comptent neuf sous-projets couvrant les traductions latines de Platon et d’Aristote ainsi que les œuvres d’Avicenne, d’Averroès, les traductions en arabe et en hébreu d’Aristote et les œuvres d’Arnau de Villanova. Les différentes sous-séries publiées couvrent presque une centaine de volumes, ce qui fait de l’UAI un des principaux mécènes de l’étude de la philosophie médiévale.
À l’époque de la création de l’UAI, le Japon était à la fois une puissance victorieuse de l’Entente et le seul pays asiatique doté d’une académie établie (fondée en 1879). La Chine était alors enlisée dans la guerre civile et l’Academia Sinica ne fut fondée qu’en 1928. Par ailleurs, la plus importante société savante chinoise, l’Institut d’Archéologie de Beijing, n’était pas considérée comme une académie par les pays occidentaux, et ce malgré sa grande réputation. Le Japon représenta donc effectivement les pays du Pacifique au sein de l’UAI jusque dans les années 1970, lorsque l’Académie chinoise des Sciences sociales en devint membre à part entière. Néanmoins, dans les années 1920, de nombreuses nations européennes avaient un intérêt académique marqué pour l’Orient, et il n’est donc pas surprenant que le quatrième projet le plus ancien de l’UAI concerne le Droit coutumier en Indonésie. Publié en un seul volume, il fut clairement l’œuvre de son seul auteur, qui était également délégué de l’Académie royale des Pays-Bas à l’UAI (6). À plus long terme, les « Documents historiques non publiés concernant le Japon » réunissent des universitaires et des archivistes qui effectuent des recherches sur les documents relatifs aux relations extérieures du Japon, hébergés dans plusieurs grands pays extérieurs au Japon et qui entretenaient avec lui de solides relations commerciales, tels que les Pays-Bas. Le projet, relancé dans les années 1960, a produit en moyenne un volume par an, ce qui en fait l’un des projets les plus volumineux et les plus réussis de l’UAI.
Au moins un des membres fondateurs, Louis H. Gray, était un remarquable spécialiste du sanskrit et il n’est donc pas étonnant que les projets concernant l’étude du sanskrit, précurseur des langues indo-européennes, fussent également considérés comme un domaine de parrainage approprié pour l’UAI. Aujourd’hui, l’Union continue de parrainer les travaux en cours sur le dictionnaire des termes bouddhistes en sanskrit et en pali trouvés dans le Canon bouddhiste chinois, mieux connu sous le nom de Hôbôgirin (1933-) – un projet commun de l’Institut Français et de l’Académie du Japon – et ce projet continue toujours après avoir produit son huitième fascicule majeur en 2003. Il est difficile de mettre en place une collaboration internationale plus large qui aurait pu aider à achever ce projet plus rapidement, car la plupart des chercheurs occidentaux travaillant sur le bouddhisme mènent désormais leurs recherches et publient leurs résultats presque entièrement en anglais. Toutefois, l’Hôbôgirin, une fois terminé, restera un monument de la plus haute valeur académique indo-sinologique et restera un ouvrage de référence unique et indispensable.
La cartographie était une préoccupation majeure des pères fondateurs de l’Union, certains d’entre eux étant des géographes historiens, et peu de domaines en sciences humaines pouvaient justifier un financement important aussi bien que la cartographie. Il n’est donc pas surprenant que les projets de la Tabula Imperii Romani (TIR) et de la Tabula Imperii Byzantini (TIB) soient tous deux parrainés par l’Union. Le regretté professeur Stephen Wurm, éminent linguiste austro-hongrois qui a émigré d’Europe en Australie en 1954 et est devenu simultanément président de l’Australian Academy of the Humanities et de l’UAI, a lancé un projet en un volume d’une importance majeure dans les années 1980, à savoir un atlas linguistique du Pacifique, incluant les Amériques (7). Ceci, conjointement avec son précédent projet d’Atlas linguistique de la Chine (8), représenterait la présence de l’UAI dans les études sur le Pacifique pour les deux prochaines décennies. Cependant, ces deux projets, ainsi qu’un projet ultérieur d’un atlas des langues en péril (9), dépendaient totalement de la capacité du professeur Wurm à mobiliser le financement très important nécessaire à la recherche linguistique sur le terrain, ce qui signifie que ces projets de grande envergure étaient difficiles à réaliser et n’ont pu être aisément poursuivis après sa mort en 2001. Bien que les ressources pour mettre à jour le travail de Wurm et de son équipe ne soient plus disponibles, les volumes de l’atlas linguistique resteront le symbole d’une vision personnelle extraordinaire ainsi que de la collaboration internationale obtenue grâce au système de parrainage de l’UAI. L’UNESCO pourrait parrainer le projet d’« Atlas des langues en péril dans le monde » et le Président Kim de l’Académie nationale de Corée a évoqué la possibilité d’un Atlas linguistique de la Corée. Si l’une ou les deux possibilités devenaient réalité, les remarquables travaux pionniers du professeur Wurm ne seraient pas gâchés.
Dans le domaine des arts plastiques, le succès du Corpus Vasorum Antiquorum est égalé par celui du Corpus Vitrearum Medii Aevi qui vise à publier dans de nombreux volumes richement illustrés tous les principaux exemples de vitraux médiévaux en Europe ainsi que dans les états d’Amérique du Nord qui ont suivi les traditions européennes dans la conception de vitraux. Le projet a été confié au Comité international d’histoire de l’art (CIHA) immédiatement après sa création en 1952 et, depuis 1956, il est placé sous le patronage de l’UAI. Une partie de l’initiative du projet est venue de la nécessité urgente de compiler des catalogues photographiques de vitraux ayant subi des dommages importants pendant la Seconde Guerre mondiale. Grâce au leadership énergique et à la participation d’un certain nombre de chercheurs éminents dans ce domaine d’études, notamment notre ancienne présidente, la professeure émérite Madeline Caviness, les comités nationaux actuels comprennent l’Autriche, la Belgique, le Canada, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, l’Italie, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal, la Russie, l’Espagne avec la Catalogne, la Suisse et les États-Unis d’Amérique. Les travaux du corpus ont été étendus pour englober des exemples de vitraux des églises de l’Ancien Régime. À ce jour, plus de cent volumes du corpus, superbement illustrés, ont été publiés et se sont facilement imposés non seulement comme des ouvrages de référence, mais aussi, selon les termes de Thucydide (I, 22,4), comme « une œuvre d’un profit solide et durable ».
L’Académie chinoise des Sciences Sociales (CASS) de la République populaire de Chine devenant membre de l’Union en 1976, la collaboration avec une puissance émergente et majeure de la recherche, notamment dans les études asiatiques et l’archéologie, semblait hautement prometteur. Cependant, à l’exception du Hôbôgirin et du Corpus Fontium Manichaeorum, nouvellement créé, la plupart des projets de l’Union sont menés en Europe et il n’existe aucune voie de coopération toute faite. Les délégués qui ont assisté à l’Assemblée générale de Beijing en 2001 ont été informés du travail de M. Yu Taishan, de la CASS, qui a rassemblé une collection de sources chinoises sur l’Orient romain. Un groupe de délégués de l’UAI a lancé l’idée de créer un projet par l’intermédiaire de l’Union plutôt que par une académie membre afin de constituer une collection de sources grecques et latines sur l’Extrême-Orient. Le distingué professeur de sanskrit, Gregory Bongard-Levin, de l’Académie des sciences de Russie, a suggéré que la première tâche du projet de l’UAI soit une nouvelle édition en anglais de l’œuvre de George Coedès (Textes d’auteurs grecs et latins relatifs à l’Extrême-Orient depuis le IVe siècle av. J.-C. jusqu’au XIVe siècle), publiée sous forme de monographie par l’Académie des Inscriptions et de Belles-Lettres en 1910. Par pure chance, le projet SERICA sous ma direction personnelle en Australie avait déjà initié une telle tâche et a été achevé en deux volumes en 2012 avec l’aide financière généreuse de l’Australian Research Council et de l’UAI (10). Avec la publication des travaux de Yu Taishan en 2014 par l’Académie roumaine (11), l’UAI a contribué de manière significative à l’étude critique de la première période de contacts de la Chine avec le monde gréco-romain. L’idée de rassembler des chercheurs chinois et européens actifs dans ce nouveau domaine fascinant, désormais connu sous le nom d’« études de la route de la soie » (Silk Road Studies), était présente à l’esprit d’un certain nombre de délégués impliqués dans le projet et l’UAI est extrêmement reconnaissante envers le professeur Torbjörn Lodén qui a convaincu l’Académie suédoise des Lettres, d’Histoire et des Antiquités de contribuer financièrement à l’organisation d’une conférence internationale à Stockholm (Suède) à la fin du mois de septembre 2018. « The Silk Road and Cultural Exchange between Asia and Europe » a rassemblé d’éminents spécialistes venus d’Autriche, d’Australie, du Royaume-Uni, de Chine, du Danemark, de Finlande, de Hong Kong, du Japon, de Norvège et de Suède. Le succès de cette conférence met en évidence ce qui peut être réalisé par l’entremise d’un projet réussi de l’UAI bénéficiant du soutien d’une académie membre et ce, au bon moment dans l’histoire du projet.
À la fin du XXe siècle, l’Académie nationale des sciences de la République de Corée, l’un des principaux pays émergents du bassin du Pacifique, est devenue membre de l’UAI. Non seulement s’est-elle impliquée activement dans l’Union par le biais de sa participation assidue à l’Assemblée générale, mais elle a également mis en place un projet de recherche hautement scientifique et stratégique, à savoir The Annals (Veritable Records) of the Joseon Dynasty (1392-1897) sous la direction compétente du professeur Yi Tae-Jin. La tâche d’édition et de traduction en anglais de l’un des documents historiques les plus détaillés, méticuleusement conservé par les historiens de la cour sans interruption pendant cinq siècles, est une tâche herculéenne. Comme les empereurs de la dynastie Joseon étaient des sinophiles, les archives ont été écrites en chinois classique et non en coréen. Comme le règne de Joseon a coïncidé avec la chute des Mongols et la montée des Mandchous, les chercheurs doivent connaître toute une gamme de langues altaïques ainsi que le chinois pour pouvoir comprendre et traduire les documents avec précision. Un comité international composé de chercheurs de haut niveau recommandés par l’UAI est venu en aide au petit groupe de spécialistes qualifiés pour mener à bien cette tâche, qui a bénéficié du soutien général du gouvernement de la République de Corée. Des modèles de fascicules soulignant à la fois l’ampleur de la tâche et la qualité du travail accompli jusqu’à présent ont maintenant été publiés. Le Bureau complet (Conseil) de l’UAI a pu visiter le Centre d’études coréennes de l’Université de Séoul et les membres ont été extrêmement impressionnés par les résultats obtenus à ce jour et par le soin avec lequel les rares volumes de ces annales sont conservés. La visite a également permis aux membres du Bureau de remercier M. Lim Kwang-Soo, président de l’association des Alumni de l’Université de Séoul, pour son don généreux destiné à couvrir le coût des célébrations du centenaire de l’Union.
En 1919, les États-Unis d’Amérique ne possédaient pas d’académie nationale comparable à celle des académies britannique et japonaise. L’American Council of Learned Societies (ACLS), une fédération d’une douzaine des principales sociétés savantes des États-Unis, a été rapidement formé en 1919 pour leur permettre de devenir un membre fondateur officiel de l’UAI. Cela signifie que l’ACLS fêtera également son centenaire en 2019. À l’instar de l’UAI, la mission fondatrice de l’ACLS était de faire progresser les études humanistes et les sciences sociales et de maintenir et renforcer les sociétés nationales consacrées à ces études. Au fil des ans, l’ACLS est devenue un important défenseur national des sciences humaines et un coordinateur des financements spéciaux et des programmes de recherche nationaux de premier plan. Depuis les années 1980, les assemblées générales annuelles de l’ACLS ont été suivies principalement par des hauts fonctionnaires de ses sociétés membres plutôt que par des universitaires chevronnés, à moins qu’ils ne représentent les sociétés savantes dans leurs domaines respectifs. Bien que de nombreux universitaires basés aux États-Unis participent et même dirigent des projets de l’UAI, ils ne bénéficient pas de la même relation avec l’ACLS et n’en reçoivent pas le même soutien que les universitaires basés en Europe dans leurs académies respectives. Il n’est donc pas facile pour les chercheurs américains d’initier des projets de l’UAI, comme leurs homologues européens ou australasiens. Actuellement, le principal projet de recherche de l’UAI sur les deux continents américains, le Corpus Antiquitatum Americanensium, qui a organisé un symposium international spécial à Paris pour coïncider avec les célébrations du centenaire de l’UAI, est dirigé de Barcelone, avec l’Argentine, le Mexique et le Pérou comme principaux partenaires américains, plutôt qu’à partir des États-Unis. Le projet a produit des catalogues de collections d’artefacts pré- et post-colombiens dans des musées en Belgique, au Danemark, en Espagne, en Hongrie, en Italie, en Pologne et en Suisse, prouvant qu’il n’existe pas de « terroir » dans la recherche internationale. L’ACLS a généreusement accepté d’accueillir la 91e Assemblée générale de l’UAI, ce qui permettra aux universitaires européens de mieux connaître leurs partenaires américains.
Le continent africain, en particulier l’Afrique subsaharienne, n’était pas représenté lors de la création de l’UAI au cours des premières décennies de son existence, alors que le continent était encore en proie au colonialisme européen. Nous avons dû attendre bien après la fin de la Seconde Guerre mondiale pour que les africanistes européens prennent l’initiative de lancer un projet majeur de l’UAI sur l’histoire de l’Afrique. En 1962, Ivan Hrbek, chercheur arabiste et africaniste de l’Institut oriental de l’Académie des sciences tchécoslovaque de Prague, proposa un projet international d’édition et de publication, les Fontes Historiae Africanae (FHA) ou Sources de l’histoire africaine, à un certain nombre d’organismes internationaux de premier plan. Il a été adopté en 1964 par l’UAI à l’initiative du CIPSH (Conseil international pour la philosophie et les sciences humaines) – un partenaire important de l’UNESCO que l’UAI a contribué à fonder. À l’origine, il était prévu que l’UAI sponsorise la publication de sources écrites et orales sur l’histoire de l’Afrique par le biais d’une coopération internationale de grande envergure. Les principaux objectifs du projet FHA étaient de préparer et de publier des éditions critiques et des traductions de sources écrites et orales de l’histoire africaine, des textes historiques originaux ou des recueils de documents rassemblés pour traiter de sujets particuliers liés à l’histoire de l’Afrique subsaharienne dans leur langue d’origine, avec une traduction en anglais ou en français, sauf si le texte lui-même était dans l’une de ces langues. Malgré son importance évidente pour l’étude de l’histoire mondiale, le projet FHA a pratiquement perdu son caractère international entre le milieu des années 1980 et le milieu des années 1990, le comité britannique FHA demeurant pratiquement le seul participant actif, préparant et publiant régulièrement onze nouveaux volumes entre 1980 et 1995. Une nouvelle série a été créée par le Comité britannique en 1997 et a depuis produit au moins une douzaine de nouveaux volumes publiés par les prestigieuses Oxford University Press. Le comité belge récemment créé a lancé sa propre série belge en 2005 et on envisage également de créer une série française. Aux États-Unis, des universitaires ont publié un certain nombre de volumes des FHA sous les auspices de « Sources for African History » – l’utilisation du latin pour les titres de séries est clairement considérée comme une pratique de l’Ancien Monde. La participation active d’érudits basés en Afrique avait été recherchée dès l’inauguration de la série. Les dégâts causés aux précieux manuscrits rédigés en langues subsahariennes à Tombouctou il y a quelques années ont renforcé la prise de conscience de l’existence de ce patrimoine littéraire africain. Les coûts très élevés liés à la collaboration avec des chercheurs africains qui n’ont pas accès à un financement important ne sont pas faciles à assumer, même par l’UNESCO. Le Bureau (Council) de l’UAI a donc décidé d’accepter la proposition de l’Académie des sciences d’outre-mer (ASOM) d’organiser un symposium FHA d’une journée à Paris pour aider à l’inauguration des célébrations du centenaire de l’UAI, et auquel d’éminents universitaires d’Afrique seront invités à participer aux frais des académies membres de l’UAI.
L’UAI d’aujourd’hui est l’héritière d’un riche héritage fait d’une vision à long terme et d’une volonté réelle de remplacer le nationalisme par une collaboration internationale en matière de recherche, cela par le biais d’académies et de sociétés savantes de premier plan. L’adoption, le financement et les processus d’examens périodiques des projets nouveaux et en cours dominent l’administration quotidienne du personnel administratif de l’Union. En tant que Président, je dois rendre hommage à M. Jean-Luc De Paepe, qui supervise l’administration depuis plus d’un quart de siècle et dont la future retraite créera un vide difficile à combler. L’importance des projets en termes de gestion ainsi que le nombre restreint de son personnel administratif signifient que l’UAI n’est pas en mesure de jouer un rôle majeur de défenseur des sciences humaines dans un monde en mutation, parfois hostile à la recherche sérieuse et à long terme dans le domaine des lettres. Bien que de nouveaux projets soient régulièrement adoptés, l’axiome « qui se ressemble s’assemble » constitue un facteur majeur dans les domaines de recherche représentés par les projets. Les études classiques, médiévales et orientales dominent toujours l’ordre du jour, bien que les tentatives des présidents précédents aient abouti à la représentation de plusieurs disciplines plus récentes dans la sélection des projets, telles que les sciences archéologiques, la climatologie, les sciences humaines numériques et les études linguistiques, en particulier dans le domaine du « New English ». En 2018, le Bureau de l’UAI a approuvé un système de bourses pour jeunes chercheurs visant à encourager les jeunes universitaires « exceptionnels » à participer à des projets de l’UAI, dans l’espoir qu’ils injectent du « sang neuf » et de nouvelles idées dans le système de projets de l’UAI. Néanmoins, le nombre de projets de l’UAI axés sur la période post-napoléonienne, qui a vu la restauration de l’Académie française en tant que division de l’Institut de France en 1803, reste relativement faible. Le processus de changement au sein de l’UAI ne peut provenir que des délégués représentant les académies membres, et ces dernières ont tendance à envoyer des délégués en études classiques et médiévales et en archéologie, car leur expertise est requise dans les processus d’adoption et de révision qui sont au cœur de la mission et de la réputation de l’UAI. Cependant, tant que les études classiques et médiévales continuent d’être considérées comme le cœur de l’apprentissage humaniste, l’UAI peut revendiquer une pertinence permanente en parrainant d’importants projets internationaux à long terme dans ces domaines. Cela ne peut être interprété comme un refus de changement de notre part, car le changement est inévitable et inexorable, mais la préservation d’un héritage précieux est également importante. Je tiens à remercier ici des éditeurs tels que Brepols, Brill, Cambridge University Press et Oxford University Press d’avoir pris l’engagement de publier de nombreuses séries, produits des projets de recherche de l’Union, et en particulier Brepols de Turnhout pour avoir généreusement accepté d’imprimer et de publier ce volume de commémoration gratuitement.
Enfin, je voudrais exprimer ma profonde gratitude personnelle à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres pour avoir volontiers accepté d’organiser l’Assemblée générale du centenaire de l’UAI et au secrétaire général de l’Académie, M. Michel Zink, pour son soutien personnel. L’UAI dépend du soutien que ses académies membres peuvent offrir et, dans ce cas, l’AIBL s’est surpassée et mérite certainement nos plus grands remerciements et nos plus sincères félicitations.
Notes (1) E. Waugh, The Life of Ronald Knox, Londres, 1959, p. 81. (2) H. Macmillan, Winds of Change 1914-1939, Londres, 1966, p. 88. (3) Ibid., p. 98. (4) P. Sykes, A History of Persia, Londres, 1915, p. 301-302. (5) A. C. Breton, The international congress of historical studies, American Anthropologist 15/3 (Jul 9, 1913), 460-469. (6) D. Van Hinloopen Labberton, Dictionnaire de termes de droit coutumier indonésien, avec six cartes hors texte, Koninklijke Nederlandse Akademie van Wetenschappen, La Haye, 1934. (7) S. A. Wurm et al. (ed.), Atlas of the languages of intercultural communication in the Pacific, 2 vol., Berlin, 1996. (8) S. A. Wurm et al. (ed.), Language Atlas of China, Hong Kong, 1988. (9) S. A. Wurm et al. (ed.), Atlas of the world’s languages in danger of disappearing, Canberra, 1996. (10) G. Coedès, Texts of Greek and Latin Authors on the Far East, From the 4th C. B.C.E. to the 14th C. C.E., trad. J. S. Sheldon, Turnhout, 2012 ; J. S. Sheldon, Commentary on George Coedès’ Texts of Greek and Latin Authors on the Far East, Turnhout, 2012. (11) Y. Taishan, China and the Mediterranean World in Ancient Times, ed. V. Spinei, Florilegium magistrorum historiae archaeologiaeque Antiquitatis et Medii Aevi XIV, Bucarest, 2014.