Union Académique Internationale
Quelques questions à Sam Lieu, directeur du projet 67: la Chine et le monde méditerranéen
Retour à la liste des actualitésQuel est le but du projet ?
Dans le monde d'aujourd’hui, caractérisé par la mondialisation dans laquelle la Chine devient un acteur de plus en plus important, la compréhension de la dynamique historique des contacts et des interactions sino-européennes est plus importante que jamais. Améliorer notre compréhension à cet égard est l’objectif fondamental du projet de l’Union Académique Internationale « La Chine et le monde méditerranéen : sources archéologiques et documents écrits ». L’un des objectifs fondamentaux du projet est de parrainer une série de conférences et de monographies qui abordent le thème des contacts eurasiens, notamment à travers la « Route de la Soie » terrestre, depuis la conquête de l'Asie centrale par Alexandre le Grand jusqu’à la chute de l’empire mongol en tant que puissance eurasienne.
Le projet a été adopté en tant que projet 67 lors de l’Assemblée générale de Barcelone en 2004. Le projet est actuellement soutenu par l’Académie royale des Lettres, d’Histoire et des Antiquités de Suède. Il a également été soutenu lors de sa fondation par l’Académie chinoise des sciences sociales (CASS). Depuis 2014, les coordinateurs du projet sont le professeur Samuel N.C. Lieu (membre de l’Académie australienne des sciences humaines et président de l’UAI 2017-2021) et le professeur Torbjörn Lodén (Académie royale des Lettres, d’Histoire et des Antiquités de Suède).
En quoi est-il original et novateur?
L’étude de l’histoire de l’Eurasie a longtemps été internationale, interdisciplinaire et interinstitutionnelle. C’est donc un domaine idéal pour la recherche collaborative à plusieurs niveaux. Le sujet est également fortement représenté parmi les délégués réguliers de l’UAI, formant un noyau évident de chercheurs chevronnés pour mener le projet à bien. La recherche de documents dans un grand nombre de langues anciennes et médiévales est au cœur du projet et le travail d’équipe est essentiel pour garantir que les normes académiques les plus élevées soient maintenues dans la publication de textes et des inscriptions nouvellement découvertes et/ou jusqu’à présent sous-étudiées, ou encore récupérées lors de fouilles archéologiques. Les membres du projet ont également compris la nécessité de rendre les résultats de la recherche disponibles en ligne, en particulier via le site web de l’UAI. Cette spécificité du projet en fait l’un de ceux les plus visibles dans le domaine des études eurasiennes.
Pourquoi s’agit-il d’un projet à long terme ?
La quantité de témoignages textuels et archéologiques sur les contacts Est-Ouest à travers la « Route de la Soie » a augmenté de façon exponentielle au cours des dernières décennies et la tâche de mettre au point des corpus de textes faisant autorité et des catalogues de monnaies et d’inscriptions est une entreprise de longue haleine. Les deux premières sections du projet, à paraître sous forme imprimée, sont orientées vers l’étude des sources littéraires relatives aux contacts :
(1) Textes européens (classiques et médiévaux) sur la Chine. Certains de ces travaux ont déjà été réalisés par d’autres chercheurs, notamment par le savant français George Coedès dans son ouvrage « Textes d’auteurs grecs et latins relatifs à l’Extrême-Orient depuis le IVe siècle av. J.-C. jusqu'au XIVe siècle » (Hanoi et Paris, 1910). La retraduction de ces importants textes classiques en anglais a été réalisée en 2009 avec un commentaire entièrement à jour (2012).
(2) Textes chinois sur le monde méditerranéen ancien : la première étape, comprenant les traductions de textes jusqu’à la fin de la période Tang, a été réalisée par M. Yu Taishan de l’Académie chinoise des sciences sociales (CASS) et est maintenant disponible en ligne et sous la forme d’une monographie qui a été publiée par l'Académie roumaine.
(3) La troisième partie du projet consiste à examiner comment les thèmes et motifs littéraires ont pu parcourir toute la longueur de la « Route de la Soie ». La principale publication en ligne en est un bon exemple : P. Zieme FBA et al., « Aesop’s fables in Central Asia. A contribution to project 'China and the Mediterranean world' of the Union Académique Internationale ».
(4) Le quatrième but du projet est de produire en ligne un corpus des principales inscriptions (en particulier en grec, moyen iranien, araméen et chinois) récupérées sur des sites clés le long de la « Route de la Soie ». Les archives de recherche de cette partie majeure du projet sont désormais disponibles sur le site web de l’UAI :
- Hellenism in the East (Greek, Aramaic, Sanscrit and Middle Iranian)
- Fontes Historiae Palmyrenae (Greek, Latin, Aramaic and Hebrew)
- Inscriptiones Palmyrenae selectae ad commercium pertinentes (Greek and Aramaic)
- The Tariff of Palmyra (Greek and Aramaic)
- The Xi’an (Nestorian) Monument (Chinese and Syriac) Ces archives fournissent aux chercheurs le texte intégral des inscriptions dans leur langue d'origine et en traduction anglaise ; ces documents comportent souvent des index très utiles.
(5) La diffusion des religions du Moyen-Orient le long de la « Route de la Soie » (en particulier le christianisme « nestorien » et le manichéisme). Les sources textuelles de la diffusion de ces religions sont très substantielles et méritent une attention particulière. Le premier volume de la nouvelle série éponyme est consacré à l’histoire et aux vestiges littéraires et épigraphiques de l'Église d'Orient en Asie centrale et en Chine.
Avec qui collaborez-vous ? L’UAI a parrainé un certain nombre de projets qui ont une dimension eurasienne et les chercheurs de ces projets sont des sources évidentes de collaboration future :
- UAI Proj. 26 Sylloge Nummorum Graecorum
- UAI Proj. 27 Corpus Inscriptionum Iranicarum
- UAI Proj. 78 Supplementum Epigraphicum Graecum
- UAI Proj. 87 Tabula Imperii Byzantini
Quelles sont les dernières nouvelles concernant le projet (découvertes, conférences, publications) ?
Conférences
Une partie très importante du projet est le parrainage de grandes conférences internationales. Un colloque s'est tenu au Kazakhstan peu de temps après la mise en place du projet (en 2007), colloque auquel ont participé 7 pays (Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan, Turkménistan, Ouzbékistan, Danemark et Royaume-Uni), mais, faute de possibilités financières, les actes n'ont pas pu être publiés. Plus important encore, un grand symposium international avec des universitaires spécialement sélectionnés pour représenter des domaines clés de la recherche textuelle et linguistique a eu lieu à Stockholm (The Silk Road and Cultural Exchange between China and Europe, 3-5 octobre 2018) et a généreusement été parrainé par l’Académie royale des Lettres, d’Histoire et des Antiquités de Suède en association avec l’UAI. Des universitaires de plus de 20 pays avec une forte représentation d’académiciens ont pu y participer et les actes de cette conférence historique seront publiés dans la série des « Proceedings of the Royal Swedish Academy of Letters, History and Antiquities » en 2022.
Publications majeures
YU TAISHAN (CASS) China and the Mediterranean World in Ancient Times, edited by Victor Spinei, Florilegium magistrorum historiae archaeologiaeque Aitniquitatis et Medii Aevi XIV, Romanian Academy – Institute of Archaeology of Laşi, 2014 Abridged online version (= Sino-Platonic Papers 242, November 2013)